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Joncels
Village médiéval construit autour d'une abbaye bénédictine et de son abbatiale fortifiée, Saint-Pierre-aux-Liens.
Depuis quelques années seulement, une vue aérienne permet de suivre le tracé bien défini de la vieille cité ceinturée jadis de remparts. L’Abbaye Bénédictine était une forteresse à l’intérieur de la place-forte.Classé village d´Intérêt supérieur, le village est une halte pour les pèlerins qui se rendent à Saint Jacques de Compostelle en venant de Lodève.
L’abbatiale recèle un important mobilier classé : retable du XVII siècle de style baroque, chasse en bois doré du XVII siècle contenant les reliques de St Benoit martyr romain chrétien, statue de la vierge du XV siècle, morceau de cancel wisigothique, autel cippe, statue de St Michel terrassant le démon du XVII siècle, siège du père abbé, cloches, vêtements sacerdotaux
Plusieurs sites sont classés étudiés ou inscrits aux Monuments Historiques comme les fortifications d'agglomération du XIIème siècle, plusieurs maisons dont celle du forgeron du XVIIème siècle, 5 maisons, la ferme du lieu-dit Cabriérette du XVIIème siècle, les Croix de chemin de Joncels et de Valayrac…
L’ancienne abbaye bénédictine Saint-Pierre-aux-Liens est le plus ancien monastère de la région. Son histoire est mal connue, très peu de documents la concerne et son cartulaire a été perdu.Un décret de l’empereur Louis le Pieux en 817 nomme le monastère de Joncels comme exempt de contributions envers le roi, ce qui autorise à penser que sa fondation date du début du IXème siècle (les historiens font remonter sa naissance au 8ème siècle en précisant que c’est la plus ancienne de la région et certains même au 7ème…). En 851, le roi Pépin II d’Aquitaine prend le monastère et ses appartenances sous la protection royale et permet à l’abbé Benoit de reconstruire sur de plus vastes dimensions.Initialement indépendante, elle est réunie en 909 à l'abbaye de Psalmodi située dans le Gard, redevient indépendante en 1139 pour être unifiée en 1366 par le pape Urbain V à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Sous la protection de l'Evêque de Lodève, saint Fulcran, elle connait une grande prospérité au XIIème siècle avec 28 églises sous sa dépendance des diocèses de Béziers, Agde, Lodève et Rodez.Sous le règne de Charles V, pendant la guerre de cent ans, elle tombe dans les mains des grandes compagnies qui dévastent le Languedoc. En 1379, elle est occupée par Benoit Chapparel (les Batards des Savoie, de Landorre et de Pérulle), chef de compagnie et ses soudards. A la fin du XVème siècle, un conflit avec l’abbé de Villemagne dévasta les possessions de l’abbaye de Joncels. En 1562, durant les Guerres de Religion, le monastère tombe au pouvoir de Claude de Narbonne, capitaine des troupes huguenotes, il est saccagé et ses archives brûlées. En 1586, il souffre encore de la guerre entre le duc de Joyeuse et le duc de Montmorency.Les moines ne vivent plus en commun dans l’enceinte du monastère mais séparément dans des maisons du village, la vie et la discipline monastiques disparaissent. Le monastère perd progressivement son indépendance et ses richesses et tombe en ruine.Il est restauré au XVIIème siècle avant de devenir église paroissiale à la Révolution française en remplacement de l’église antique Saint Félix, les bâtiments conventuels sont démantelés et vendus à des particuliers.
L’église Saint Pierre et Saint Benoît, le cloître et la galerie
L’église abbatiale conserve un haut chevet carré fortifié dont la maçonnerie en pierre de taille assemblée en grand appareil est percée de grandes baies de style ogival logées sous d'immenses arcs de décharge. La place située au Nord de l'église conserve les vestiges de l'ancien cloître roman en grès rose : la galerie Ouest, qui alterne piliers et colonnettes géminées à chapiteaux sculptés, remonte au XIIème siècle tandis que la galerie Nord, beaucoup plus sobre, date du début du XVIIIème siècle.Après avoir fait l'objet d'une inscription au titre des Monuments Historiques en 1926 et d'une radiation en 1938, l'église, le cloître et la galerie font à nouveau l'objet d'une inscription depuis le 1er septembre 1988.Le retable en bois doré de l'église, date du XVIème siècle. Un groupe sculpté dans du noyer du XVIIIème représente Saint-Michel terrassant Lucifer. Une chapelle est dédiée au centurion romain Saint Benoît, mort en martyr en 303. Ses reliques sont vénérées à Joncels depuis 1733.